Le brouillard matinal se dissipe lentement laissant place à un ciel bleu. La longue marche de la veille nous ayant quelque peu épuisé nous décidons à l'unanimité d'utiliser la voiture pour nous déplacer.

 

Nous suivons un moment la Scenic Drive destinée à faire découvrir la ville à ses visiteurs. Puis nous remontons les fameuses rues en pente du quartier Russian Hill vers Lombard Street. Là nous délaissons la voiture pour un peu de marche. Tout d'abord l'adorable Crookedest Street qui est une toute petite rue fort abrupte (26%) que l'on a dotée de chicanes fleuries afin d'en baisser la déclivité.

En haut de cette route nous jouissons d'une vue remarquable sur la ville et son port.  Qui plus est il y a un arrêt du cable-car, l'occasion d'observer ces funiculaires qui sont tirées par un câble d'acier sans fin dissimulé dans la chaussée entre les rails et qui leur permet de monter facilement les rues pentues de la ville.

 

Et des rues escarpées San Francisco n'en manque pas, la ville étant construite sur une quarantaine de collines qui sont autant de quartiers où les habitants au volant de leurs voitures semblent jouer en permanence aux montagnes russes.  Russian Hill (sans jeu de mots !) est un quartier résidentiel où l'on peut découvrir de belles habitations datant de la fin du 19ème comme à Green Street. Au hasard de la promenade nous passons devant un jardin exubérant ou devant une de ces élégantes demeures de style édouardien.

Une voiture s'approche lentement de nous, une belle américaine à son volant. Un type surgi de je ne sais où, s'allonge sur le capot du véhicule et roule à terre. Le loufoque qui avait mine d'être renversé se relève et regarde la conductrice la main sur le coeur..

Nous redescendons sur le port en traversant Ghirardelli Square, petit îlot verdoyant dans une ancienne chocolaterie en brique rouge. Fisherman's Wharf, les terrasses des restaurants commencent à se remplir, nous choisissons de déjeuner au Lou's, sea food et fish and chips au menu de ce resto simple mais à l'accueil sympathique. Petite balade digestive au bord de l'océan Pacifique, la plage de sable et l'océan n'attirent pas grand monde, à peine quelques enfants très courageux, car l'eau y est franchement glacée. D'ailleurs tout près sur les quais, à Pier 39, une colonie de phoques a élue domicile. 

 

Le long du port sont alignés plusieurs bateaux que l'on peut visiter dont un vieux trois-mats et un navire à aubes. Face à nous l'île d'Alcatraz avec son ancien pénitencier. Le National Maritim Museum est l'occasion d'observer quelques vestiges d'anciens bateaux, de nombreuses et belles maquettes et de s'initier au monde maritime en manipulant appareils et ustensiles marins.

 

Le musée expose aussi d'extraordinaires photos panoramiques de San Francisco prises en 1851, on saisit mieux pourquoi toutes les rues sont en pente car à l'époque les collines sont encore bien visibles. Il y avait énormément de navires dans la baie. C'était l'époque des pionniers et des chercheurs d'or .. ceux-ci accouraient principalement d'Europe et depuis la découverte de la première pépite la population de la ville explosait.

 

Nous reprenons la voiture pour atteindre le quartier de Higher Haight réputé pour les belles demeures victoriennes. Tout au long du trajet on enchaîne descentes vertigineuses entre des maisons en bois peintes et montées vers des tours parties à l'assaut du ciel. Alamo Square est une petite place gazonnée d'où l'on a une vue magnifique sur San Francisco avec en premier plan un alignement de maisons victoriennes, les fameuses Painted Ladies. On se croirait dans un décor de rêve.

South of market, le quartier est en pleine rénovation Comme toutes les villes San Francisco compte son lot de sans domicile fixe. Certains poussent des chariots de supermarché contenant toutes leurs affaires et naviguent de squat en squat. Mais il leur est de plus en plus difficile de trouver des abris. Cet aspect de la ville ne doit pas faire oublier que San Francisco est encore une agglomération à taille humaine. Sans parler de véritable melting pot il faut reconnaître que les différentes communautés ethniques, religieuses et sociales cohabitent en un petit monde très cosmopolite. 

San Francisco a été le berceau de la beat generation, Kerouac, Ginsberg, Burroughs et bien d'autres ont inventés de nouvelles formes de textes littéraires et de poésie afin de dénoncer un certain mode de vie mais aussi le racisme, la violence ou l'égoisme. Elle a vu naître des groupes de musiciens comme les Grateful Dead et Jefferson Airplane au rock très.. planant sans oublier Carlos Santana.

Pour notre dernier repas direction .. Café do Bresil, et oui l'Amérique c'est cela aussi. Le patron du restaurant est très gentil, il passe un moment à discuter avec nous, apparemment il adore les enfants, Aurélien se voit offrir qelques friandises. Et pour fêter la fin toute proche de notre voyage nous goûtons au vin californien, un petit cabernet sauvignon qui, bien que différent des nôtres, n'a rien à leur envier.